Commence par observer

Publié le par Marie Veroda

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Un moine et son élève étaient un jour assis face à la

montagne. Le moine observait le paysage, l´élève parlait.


- Maître, je veux vraiment changer ! Je ne parviens pas à

atteindre la sérénité comme vous. Je m´y efforce pourtant

mais mon esprit est toujours occupé à penser. Je ne comprends

pas comment vous faites. Je prie et ça ne marche pas, je

cultive le jardin et mon esprit continue à tourner alors que mon

corps est occupé. Quand je mange, je pense et...


Le moine lui coupa la parole :

- Observe la nature !


L´élève surpris, se tût. Il se mit à regarder le paysage

mais ses yeux vagabondaient. Le moine l´observait du coin

de l´œil et voyait bien qu´il continuait à réfléchir. Il

ne dit rien et repris sa méditation.


Quelques mois passèrent. Le jeune homme et son maître se

retrouvèrent assis au même endroit un beau soir. Il dit :

- Je crois que j´ai compris. Mais pas tout à fait. La nature

change sans rien faire. Les saisons font varier les paysages.

Mais si je veux changer dans une certaine direction, comment

faire ? Je ne peux pas rester passif comme la montagne !


Le maître répondit :

- Observe encore !


Quelques années passèrent. L´élève dut faire un voyage par-delà

les montagnes, bien loin. Quand il revint, son maître avait

vieilli. Et lui-même était devenu un homme fort et posé,

émanant le calme et la sérénité.


Ils se retrouvèrent à nouveau tous deux face à la montagne,

toujours à la même place. Il était silencieux, totalement

absorbé par le paysage. Son maître guettait ses paroles, se

surprenait même à les attendre. Mais rien ne venait...

N´y tenant plus, il lui demanda :

- Comment as-tu trouvé la sérénité ?

L´élève le regarda, étonné... il semblait ne pas comprendre

cette question. Il répondit :

- Je ne sais pas... il est vrai que je me sens serein.

Le maître lui rappela alors ses questions de jeune homme, ses

pensées sans cesse en ébullition et sa recherche éperdue de

l´apaisement ainsi que sa peur de ne pas parvenir à changer.

Il éclata de rire :

- J´avais oublié tout ceci... j´ai changé c´est vrai... et

sans m´en apercevoir !

- Oui, dis le maître, tu as appris à te taire et le silence

s´est fait en toi. Tu as vécu, tu as découvert des tas de choses

et ton esprit s´est focalisé sur ces découvertes. Tu as oublié

ta préoccupation mais elle était si solidement ancrée en toi

que tu as trouvé le chemin pour parvenir à ton but sans même

y penser. Il a suffi que tu laisses faire et que tu donnes du

temps au temps... la montagne ne s´est pas faite en un jour !


Et ils replongèrent tous deux dans le silence, en communion,

pour méditer ces paroles, face au splendide paysage.

 

Publié dans Contes

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